Enfermée (1)

 

Partie 1: Sophie.

 

Douleur, chagrin... Pleurs. Mon quotidien se résumait maintenant à cet Enfer. Je ne savais pas où j'étais. La seule chose dont j'avais connaissance, c'était cette immense étendue. Où il n'y avait rien. Même si je commençais à avancer, c'était comme si je ne bougeais pas. Tout restait pareil autour de moi. Sous ma poitrine, mon cœur avait cessé de battre. A la place, un grand vide qui aspirait ce qui me restait de raison. Je me recroquevillai. Mon visage dans mes mains, une larme coula le long de ma joue. Des bribes de souvenir me revenaient... Un chat... Un miroir...

Je me relevais d'un bon. Maintenant je me souvenais. Maintenant je savais ce qui s'était passé !

 

Nous habitions depuis deux ans déjà, une grande maison dans la campagne. Elle était un peu lugubre, mais néanmoins très agréable. Et puis, il y avait cette pièce... Je ne savais pas vraiment à quoi elle était destinée et nous ne l'utilisions pas. Tout au fond, il y avait un meuble protégé de la poussière par un grand drap blanc. Dans la pièce régnait un sentiment étrange, indéfinissable... Mais cela m'attirait.

- Sophie ! Viens, sinon tu vas être en retard.

C'étais ma mère qui venait de m'appeler. M'arrachant à l'attirance malsaine de cette pièce, je descendis les escaliers, pris mon sac de cours, une tartine beurrée et embrassa ma mère.

A l'arrêt de bus, Rose, ma plus chère amie me rejoint. De ses écouteurs je pouvais entendre les paroles de la chanson qu'elle écoute. Elle avait un look plutôt... voyant: cheveux aux mèches bleues, T-shirt noir avec une grosse guitare fluo dessinée en son centre, une jupe un peu courte pour la saison. Et pour finir, des bottes munies de quelques chaînes.

- Salut ! Prête pour le méga contrôle d'histoire ?

Il faut savoir que Rose plaçait le mot "méga" un peu partout...

- Je crois que oui. Tiens, le bus arrive.

Je montai et valida mon ticket. Après un court trajet de dix minutes, nous étions enfin devant l'école. Je consultai ma montre.

- Vite ! Dépêches-toi, ça sonne dans cinq minutes.

Nous trottinions en direction du lycée quand je vis un chat noir qui me fixait à l'autre bout de la rue. Le chat me suivit du regard jusqu'a ce que je pénètre dans l'école.

Le contrôle fut plutôt simple pour moi. Quelques questions de cours et une synthèse. Telle que je connaissais Rose, elle n'avait pas révisé et devait s'en mordre les doigts. Mon voisin me passa un papier: Please ! Réponse de la 2. Rose 

Effectivement...

Comme c'était ma meilleure amie j'écrivis une réponse et la lui envoya. Quand je la regardai elle articulait un Merci ! a mon égard.

Ca faisait déjà dix minutes que j'avais finit quand Mme Dumirron ramassa nos copies. La sonnerie retentie quelques minutes après annonçant le cours suivant. Nous nous levâmes donc pour aller dans la salle d'Art plastiques.

- Aujourd'hui, je compte sur votre originalité. Nous avait dit Mlle Ben.

Pour ce qui est de l'originalité, mon dessin n'en manqua pas. D’ailleurs, en passant devant moi et en regardant mon travail, la prof avait souris.  

Les cours s'enchainaient, mes neurones s'échauffaient, et à la fin de la journée, je ne voulais qu'une seule chose: rentrer chez moi. La dernière heure parue durer si longtemps... Si bien que quand j'entendis la sonnerie, je me levai d'un bon, et fut la première dehors.

- Hey, Sophie ! Attends-moi.

Je reconnus la voix de Nicolas, le garçon qui hantait mes pensées depuis déjà trois mois. Autour de moi, des centaines de personnes défilaient. Je n'y prêtai aucune attention. Du coin de l’oeuil je vis une mèche bleu virevoltée.

- Je t'attends à l'arrêt de bus, me glissa Rose avec un clin d'oeuil.

 Nicolas vint vers moi. Il avait l'air moins sûr de lui par rapport à d'habitude.

- Hum... Tu... Ca te dirais de venir avec moi à la fête de Samuel ?

Enfin ! Enfin le garçon qui m'obsède, et à qui j'essaye désespérément de parler chaque jours, m'invite à une des meilleurs soirées de l'année !

- Bien sûr, je souris. 

- Cool. A demain.

C'est la tête remplie d'images idylliques que je me dirigeais vers l'arrêt de bus.

Je marchais lentement, obnubilée par Nicolas et la fête. Je ne voyais pas qu'il n'y avait personne. Personne dans la rue, personne à l'arrêt de bus. Mis à part Rose.

Je m'arrêtais net.

Ma meilleure amie était étendue par terre. Morte.

A côté d'elle, il y avait ce chat. Le même, qui, avant d'entrer dans l'école m'avait fixée. Ce chat avait maintenant les crocs poissés de sang qui goutaient sur l'asphalte. Le sang de Rose.

Elle avait le cou souillé de morsures affreuses, avait le visage pâle. Si pâle qu'il contrastait dangereusement avec ses cheveux noir éparpillés en corole.

Le chat me regardait d'un air de défit: Sauras-tu me suivre ?

Je bondis. L'animal allait vite mais n'arrivait pas à me distancer. Je passais devant la boulangerie Bon pain, la poste... Tout d'un coup, j'arrivais dans ma rue. Devant ma maison.

J'hésitais.

Je me ressaisis quand l'assassin à poils noirs entra, comme par magie, dans la maison par la porte entre ouverte.

- Sophie...

Je n'entendis pas la fin de la phrase de ma mère.

Je ne tenait compte de rien mis à part les petit pas furtifs du félin. Quand celui-ci s'arrêta enfin, c'était dans cette salle où régnait un calme malsain.

Je vis la chat se ramasser sur lui même, puis il grossit et grandi jusqu'à atteindre la taille d'une personne adulte.

C'était devenu un homme brun. Son visage était tout à fait normal si on ne tenait pas compte de son nez et de sa bouche réunis en un museau. Il était grand et athlétique... puissant même.

- J'ai dû voler l'âme de ton amie...

- Vous l'avez tuée ! Criais-je. 

- Non. Enfin, sur le moment elle n'était pas morte, maintenant si. Bref, j'avais besoin de son âme pour recouvrez certaines... de mes facultés... comme celle-ci.

Il empoignât le drap recouvrant le seul meuble de la pièce. En tombant, le drap découvrit un miroir. Qui ne reflétait rien. Rien que le néant.

L'être me pris par le poigné et tira violemment. Je fut propulsée vers le miroir. Je m'attendais à un grand choque. Rien ne vint.

Quand je me retournai, je heurta une paroi lisse et invisible.

- Tu ne peux t'enfuir. Cette prison va me servir à puiser dans ta force vitale. Tu disparaîtras peu à peu.

Il remis le drap et tout fut noir.

 

Les souvenirs étaient douloureux. Insupportables. Une violente douleur me frappa aux tempes. les yeux étroitement fermés, je luttais pour ne pas perdre connaissance.

En les rouvrant, je vis mes mains. Elles étaient translucides.

Je commençais déjà à m'effacée.



03/06/2012
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