Le dernier jour.

J'ai écris cette nouvelle dans le cadre d'un concour il y a environ un moi. Nous devions faire une histoire avec comme début la première phrase (ci-dessous, soulignée). J'ai fini sur la dernière marche du podium, troisième execo.

Enjoy.

 

Le dernier jour.

 

Le ciel était noir et menaçant, un éclair transperça les sombres nuages, le tonnerre gronda, la pluie commença à tomber : c'était mon dernier jour. Mon dernier jour avant que je ne me fasse exécuter en place publique.

A travers les barreaux occultant un trou dans ma cellule, je regardais ce ciel si coléreux. Toutes les personnes du villages devaient être cloîtrées chez elles. Leurs esprits bien loin de ce qui allait ce passer demain.

La sentence de mon exécution, prononcée lors de mon jugement était infondée. Je n'avait tué personne. Le manque de preuve avait retardé le jugement. Mais une somme grassement payée envers le tribunal, par les proches de la victime, avait précipitée ma condamnation. Ils avaient besoin d'un coupable. Pour masquer leurs méfait. J'avais vu la sœur de la victime assassiner son frère. Je le savais. La famille le savait. Mais personne ne voulais m'entendre. J'étais là lors du crime, et cela était suffisant aux yeux des juges. Amplement.

A ma cheville droite traînait une lourde chaîne rouillée. Cette chaîne rassurait les gardiens de la prison : je ne pouvait pas faire plus de dix pas autour de mon lit. Enfin... La planche recouverte d'un drap qui me servait de lit.

Une grande bourrasque de vent s'engouffra par le trou qui tenait place de fenêtre. Je me recroquevillai sur moi même pour faire face au froid soudain. Je n'avais sur moi qu'une simple tunique de prisonnière en toile marron. Maigre défense contre le temps d'aujourd'hui.

La tête sur mes genoux, mes longs cheveux noirs traînants par terre, j'essayais de faire le point. Ma vie, jusque là, n'avais pas été extraordinaire. Je n'étais qu'une simple fille dans une famille comportant six autres garçon. Je devais aider ma mère, tous les jours, pour les tâches ménagère comme la cuisine, le lavage... Tout cela pendant que mes frères fanfaronnaient dans des tournois.

Aucun membre de ma famille ne le savais, mais j'empruntais des armes, et certaines nuits je m’entraînais à manier l'épée, et m'exerçais au combat à mains nues. Me battre, même contre le vent, ou un pantin me donnait une impression de puissance. Cela compensait des tâches ingrate durement effectuées lors de la journée.

Un homme passa devant ma cellule.

« T'endors pas p'tite. Le clerc va passer te rendre visite. Et puis, qui sait ? Il va peut-être réduire ta peine... »

Réduire ma peine ? Pour quoi ? Une condamnation à perpétuité ? Non merci. Et puis je me doutais que quelqu'un allait le payer pour qu'il n'en fasse rien.

Quelques minutes plus tard, un homme plutôt âgé, habillé d'une longue robe blanche entrait dans ma cellule. Quelqu'un lui apporta une chaise et referma la porte de la prison. Il ne prononça qu'un seul mot :

« Pourquoi ? »

Je releva la tête. Le toisant d'un regard méprisant. Je me dis qu'il valais mieux ne pas répondre. Il ne posait pas la bonne question. Cet homme ne me demandait pas Pourquoi. Pourquoi avais-je été accusée à tors.

Nous restâmes la moitié de la journée comme ça. Jusqu’à ce qu'un gardien vienne nous dire que c'était l'heure du dîner.

« Voudriez-vous la revoir après ?

- Non. »

Le clerc passa près de moi, et s'en alla comme il était venu.

Le gardien vint détacher la lourde chaîne traînant au bout de ma jambe et me pris solidement par le bras.

Je ne prêtais aucune attention à la nourriture dans mon assiette. Je ne savais pas si je mangeais de la viande, avec une purée de pommes de terre infâme, ou du poison, avec du riz si collant que l'on ne pouvait l'avaler qu'en une seule bouchée.

La table où j'étais assise étais vide. Autour je savais que l'on parlais de moi :

« Seulement dix-huit ans... La pauvre c'est jeune pour une exécution. » Avais-je réussit à entendre.

Cette personne avait raison. Je tenais à ma vie. Aussi courte et dure avait-elle été, je ne voulais pas qu'elle s'achève. Pas maintenant. Je voulais encore rire, pleurer, aimer et détester. Plus jeune, mon ambition était de me battre pour mon peuple. Comme mes frères. Maintenant, je voulais me battre pour ma survie.

Une cloche sonna la fin du repas. Il ne restait  rien dans mon assiette. J'avais tout avaler sans même m'en rendre comte, absorbée par mes pensée. On me conduisit dans une cellule à part. La cellule des condamnés. C'était ici que les condamnés à mort rêvaient avant de mourir. C'était dans celle-ci que je m'assoupissais. Pour la dernière fois. 

 

Un homme se tenait derrière moi. Il était chargé de me faire avancer vers l’estrade où se déroulerait mon exécution.

Il pleuvait. De petites gouttes aussi fines que des larmes. J'aimais penser que le ciel pleurait ma mort.

« Nous somme réunis aujourd'hui, commença quelqu'un placé au balcon de l'hôtel de ville, pour la mise à mort de Mlle Mercy Hallower... »

Je ne prêtais plus attention au discours du Maire. Mon esprit était focalisé sur la hache de mon bourreau. Lame large, effilée. Parfaite pour trancher des têtes en un seul coup.

Dans mon dos, l'homme qui m'avait guidée ici empoigna mes cheveux, sortit un couteau de sa poche et les coupas. Ils tombèrent en une pluie noir à mes pieds. Il vérifia si les liens à mes poignets étaient solides,  et me fit avancer. Je m’accroupis et posa ma tête sur une souche rougie et entaillée à plusieurs endroits.

Ça y est. J'allais mourir. C'est ce que tous pensaient. Mais moi, j'allais tout faire pour changer ça. Le bourreau avançait. Les engrenages de mon cerveau tournaient. Le bourreau leva sa hache, l’abattit. Je m'écartai au dernier moment et l'arme se planta juste à côté de ma joue, y laissant une estafilade sanglante au passage. Me relevant le plus rapidement possible, j’assénai un coup de pied dans le ventre d'une personne voulant me retenir. Plusieurs personnes se jetèrent sur moi pour m'arrêter mais j’enchaînais feintes et esquives. Me mouvant tel un serpent, je me frayais un passage parmi les badauds abasourdis.

Je courais. Aussi vite que mes jambes le permettait. Mes poignets entravés me gênaient mais je ne pouvais pas les détachés. Les rues étaient pratiquement désertes. Derrière moi j'entendais des pas de course. Un coup de feu.La balle siffla tout près de mon oreille. On m'avait manqué de peu. 

J’avançai jusqu’aux limites du village. Maintenant, seule une rivière me séparait de ma liberté. Je pris le temps de réfléchir. Elle n'était pas très large... Mais je ne croyais pas pouvoir sauter pas dessus. Que faire ? Les pas se  rapprochaient et les coups de feu se multipliaient. Je n'avais plus le choix. Je recula et pris mon élan. Je me lança. Quand mes pieds décollèrent du sol tout sembla se passer au ralenti. Une dernière balle venais d''être tirée. Et elle m’atteignit en plein milieu du dos. Je tombais dans l'eau. La douleurs irradiait dans mon corps. Un voile recouvrait mes yeux, je ne voyait plus rien. 

Une main invisible m'attira à elle. La main de la Mort.



24/07/2012
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